Depardon !
Serait-il maintenant avant tout "le photographe qui a fait la photo officielle de Hollande"
Je ne sais pas.
Depardon pour moi c'est un nom qui est attaché à la photo comme un très grand photographe depuis longtemps, une évidence. Et donc bien autre chose que l'homme d'une photo, fût-elle présidentielle.
Comme toute évidence, on ne la questionne pas trop et en allant le voir à l'Institut Lumière hier soir, je me suis aperçu que je ne savais pas grand chose de lui. Mais qu'importe l'Institut Lumière c'est un exemple réussi d'union entre la culture et le plaisir.
J'ai donc découvert un sacré cinéaste, le créateur de l'Agence Gamma, Claudine Nougaret sa compagne, productrice, ingénieur du son (une sacré dame aussi !).
Mais ce qui est bluffant avant tout, c'est ce qui rayonne de cet homme à peine a-t-il pris la parole !
Bien sûr, il y a la passion pour l'image, la photo ou le cinéma. Une technique hyper maîtrisée dont il ne fait pas étalage mais dans laquelle il n'hésite pas à nous entraîner dans la passion de sa réponse, lorsqu'il commente une image. Par exemple celle du président, lorsqu'il explique qu'il a fait la photo au 55 mm mais que compte tenu du boîtier qu'il utilise, l'image est celle d'un 28 mm mais c'est quand même un 55 mm donc la photo ne sera pas déformée : la salle décroche en riant. Avec respect, pour l'homme passionné et passionnant.
On commence à avoir un indice lorsqu'on voit un extrait de film dans lequel il commente en voix off sa difficulté à filmer New-York. L'humilité, le doute.
Puis dès qu'il intervient, on perçoit de vraies valeurs dans le ton de sa voix, sa présence. On accroche tout de suite.
Ensuite viennent les commentaires de lui et Claudine Nougaret. Et le fim Journal de France.
Là, cela rayonne de respect et d'intérêt pour l'autre, les autres. Raymond DEPARDON nous parle de ses photos avec sa chambre. On comprend comment Depardon photographie les hommes lorsqu'il semble prendre des photos de maisons ou de paysage sans présence humaine.
Je trouve hyper rafraichissant l'image de cet homme au volant de son modeste fourgon aménagé pour aller re-découvrir les français, riche de sa connaissance du monde.
De beaux extraits dans ce film : si vous n'avez que 5', regarder à partir de 1h21 les images du désert puis l'audience !
En revenant du cinéma hier, je pensais à un gusse qui a survolé la Terre à bord d'un hélico pour nous montrer les plus belles vues de celles-ci. J'ai toujours eu un drôle de sentiment vis-à-vis de cette démarche. Hier j'ai compris pourquoi. Je préfère mille fois les photos au ras des pâquerettes de Depardon. Immergé parmi les siens, la caméra au poing, qu'il suive un mercenaire qui envoie les autres au combat, Françoise Claustre ou une fille dans les rues de Paris avant de s'attarder sur un homme à une table de café qui regarde au loin. Le photographe des anciens qui sont sur leur banc depuis 15 ans. Le cinéaste qui filme le coiffeur de Berck Plage.
Quelle leçon ! De photo ? Oui, non, de vie !
La bande annonce (mais vous ne résisterez pas à l'envie de voir le film, en fin de cette page !)
Le film. Envoûtant.