Qu'on l'ait découverte avec Orange mécanique ou autrement, la 9° de Beethoven est vraiment extraordinaire.
Je ne pourrais pas dire comme à propos de Guillem : c'est ce qu'il y a de mieux. La première marche de mon podium musical est en effet assez vaste : beaucoup d'ex-aequo que je ne sais pas, veux pas, départager ! Mais une chose est sûre, il y a sur la première marche la 9°.
Hier soir à l'Auditorium c'était en fait les 9° :
Dmitri Chostakovitch Symphonie n° 9, en mi bémol majeur, op. 70
Ludwig van Beethoven Symphonie n° 9, en ré mineur, op. 125
Mais je n'évoquerai que celle de Beethov. étant particulièrement incapable d'évoquer l'autre oeuvre qui ne m'a pas vraiment accroché. En relatif, quand on sait ce qui vient en 2° partie de programme. Et même dans l'absolu, quand j'ai essayé de l'apprécier sans penser au reste.
En partant du bureau hier soir je me suis surpris à dire "Tiens ce soir je vais voir la 9°". Voit-on une symphonie ? Du coup j'ai assisté au spectacle en pensant un peu plus que d'habitude à l'aspect visuel (d'ailleurs dans certains moments au contraire je ferme les yeux pour mieux entendre ; quand on est limité faut agir en conséquence !!!).
La réponse est oui : on peut le regarder et il gagne une dimension !
(excusez par avance les imprécisions et erreurs : je n'y connais rien en musique et instruments de musique, ni en cinéma d'ailleurs ...))
Que voit-on :
- les percussionnistes attirent toujours mon regard. Impassibles pendant 90% du spectacle voire plus, ils doivent être prêts pour le chgloung de la grosse timbale, le ting-ting du triangle, le blang des cymbales. Là ils doivent comme les autres, ou plus ?, être parfaits. Le chbloung doit tomber nickel. Le blang, être parfois présent mais juste perceptible comme dans certains passages de cette 9°
- les choeurs qui se préparent : plusieurs dizaines de partitions qui s'ouvrent en même temps (90 choristes ?), cela se voit. Un frisson te parcourt : si tu ne savais pas que leur tour approchait, tu le sais !
- un peu comme "où est donc Charlie ?" : mais qui joue ? Identifier qui est l'auteur de ce son qu'on apprécie dans cette oeuvre lorsqu'on l'écoute dans son salon, en aveugle. "Ah, mais c'est donc le tuba qui joue cela"
- le raccord image ! je crois qu'on appelle raccord son cette légère anticipation qui existe au cinéma. Le spectateur est, plus ou moins à son insu, transféré d'une scène A à la scène B grâce au son de la scène B qui commence dès la fin de la scène A (laborieuse explication !! exemple : le son de la rue dans les dernières secondes de la scène dans l'appart.). Dans un tel concert c'est pareil : le soliste qui se lève, le chef d'orchestre qui "déclenche" le son, le musicien qui se saisit de son instrument. J'aime être ainsi dans une sorte d'écoute active, attentif à ce qui va arriver.
- les solistes. Ils me bluffent toujours. D'autant plus quand on est au plus loin de la scène comme hier. Constater de visu leur capacité à projeter leur voix dans cet auditorium de 2000 personnes.
- voir l'énergie, l'enthousiasme des choristes. Envoyer l'hymne à la joie, "Freueueueude !", à plein volume : il faut se bouger. Ou bien sont-ils animés par cette joie si communicative dans cette oeuvre ?
- la dynamique de l'oeuvre : les archets qui ont ce mouvement parallèle et synchro, le son qui se déplace des violons aux contrebasses avant de reprendre côté altos
- les passages en solo : que peut-on ressentir lorsque l'orchestre symphonique s'efface et on est seul, avec son basson par exemple ... et l'attention des deux mille personnes soudain concentrée sur soi. D'ailleurs parfois on perçoit, spectateur, la salle qui fait un silence particulier pour suivre le solo. Extra.
- etc ... on ne s'ennuie pas et finalement la vue renforce le plaisir. Ou pour le moins, l'enrichit.
Oui, parce qu'il y a quand même et surtout la musique elle-même !
Que citer ? Ce choeur extraordinaire bien sûr, le moment où le premier soliste intervient (un ténor ??? je ne sais pas, plus grave peut-être), et ce passage magnifique où les violoncelles et contrebasse ont la part belle et nous tiennent, retenant notre souffle (à 2'50 dans le premier extrait proposé. Désolé je ne sais pas m'exprimer en terme plus musical (mouvement etc..).
Hier, à ce moment-là ma voisine commence à dire deux mots à la sienne (de voisine !). Je me retourne en 1/1000° de seconde : j'ai failli l'étrangler ! Elle n'a pas recommencé et cela n'a pas réussi à entamer cet immense plaisir de voir-écouter cette oeuvre !
Demain un autre B, pas celui de Beethov, un autre genre ...